Musée de Dracologie

Histoire

Tout commença le 30 Septembre 2005, jour où Guénola Souiplatte, la brillante femme de ménage du Professeur Pilgrim, découvrit sous le plancher du Labo Dracologique de Rennes, une cave souterraine remplie d’ossements, de squelettes de dragons et d’archives vieilles de plusieurs décennies.
Lorsque nous avons emménagé dans les nouveaux locaux, nous étions loin d’imaginer découvrir, juste sous nos pieds, un ancien musée dracologique. Et pourtant, c’est bien ce qui arriva.

Je me présente. Je suis Rachel Piccoli, Professeur Adjoint du Labo de Dracologie, récemment devenue conservatrice du tout nouveau Musée de Dracologie de Rennes. Suite à l’accord plus qu’enthousiaste du Professeur William Pilgrim, Eléonore O’Rhiana et moi-même avons fait des pieds et des mains pour reconstituer et restaurer les trésors enfouis sous la poussière.

Comme je vous le disais, nous avons découvert parmi les ossements, d’anciennes archives relatant la construction du Musée de jadis. Afin que vous en sachiez davantage à ce sujet, je vais vous en retranscrire ci-dessous quelques extraits.

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Les extraits de l’annexe A, racontent comment est apparu le premier musée dracologique du monde.

Annexe A

21 septembre 1908 – Paul Edouard Ramony

« Nous avons enfin le local. Je n’arrive pas à y croire. C’est un rêve d’enfance qui se réalise. Les squelettes qu’avait soigneusement conservé Robert sont de toute beauté. Je craignais qu’elles ne souffrent du voyage, mais il les avait bien protégés. Comme il ne peut malheureusement pas me rejoindre pour le moment, je vais devoir travailler seul pendant quelques temps. Notre œuvre est grande et va prendre beaucoup de temps mais… elle en vaut la peine. Le monde entier aura bientôt la possibilité d’apprendre des tas de choses sur ces créatures si méconnues de l’homme. Les gens doivent savoir à quel point elles sont fantastiques, même si certaines d’entre elles sont éteintes depuis des siècles.

J’ai hâte que Robert vienne à Paris. Son talent, ses connaissances et sa dextérité vont me manquer. Je suis tellement enthousiaste face à cette perspective qui s’ouvre devant nous que je commence à avoir peur de ma propre maladresse. Robert m’en voudrait énormément si j’abimais ne serait-ce que le plus petit os de notre cargaison. Je tremble d’anticipation. Mieux vaut ne rien toucher aujourd’hui. Une bonne nuit de repos me fera le plus grand bien et demain… l’aventure commence. »

24 décembre 1908 – Robert de la Chartreuse

« La veille de Noël. Paul Edouard et moi continuons de travailler avec acharnement. Heureusement que ni lui ni moi ne sommes mariés ; nos familles seraient en train de nous maudire à l’heure qu’il est… nous, et notre passion dévorante pour les dragons. Enfin…

Après un repas frugal – blanc de dinde et haricots verts – nous nous sommes immédiatement rendus dans la salle de restauration, certains os ayant subits quelques détériorations avec le temps. Nous avons encore beaucoup de travail à abattre avant l’ouverture. Paul Edouard a remarquablement travaillé de son côté avant mon arrivée, mais j’ai bien peur que cela ne soit pas suffisant. La mairie parisienne commence à s’impatienter. Je me demande si nous n’avons pas vendu la peau de l’ours trop tôt. L’échéance arrive à son terme. Il faut nous hâter. »

10 février 1909 – Robert de la Chartreuse

« Nous avons pratiquement terminé. Je ne pensais pas que nous y arriverions mais c’est bien le cas. Malgré l’épidémie de grippe qui s’est abattu dans la région le mois dernier, Paul Edouard et moi avons réussi à faire front. Si nous continuons à ce rythme, nous arriverons à respecter les délais et l’ouverture aura lieu à la date prévue. Nous sommes tous deux impatients. »

19 mars 1909 – Paul Edouard Ramony

« Voilà un an, Robert et moi commencions les Annexes du futur musée. En ce vendredi 19 mars, nous avons eu la joie d’ouvrir au public le premier Musée de Dracologie au monde.

Ce matin, lorsque nous avons vu les premiers visiteurs arriver, nous n’en croyions pas nos yeux, tant ils étaient nombreux. Nous étions cependant, loin d’imaginer l’engouement de la population parisienne. Déjà des dizaines de personnes sont venues admirer les squelettes de ces créatures majestueuses. J’ai même vu une jeune femme pleurer de joie lorsqu’elle a pénétré dans la salle d’exposition. Elle m’a avoué que depuis des années elle est passionnée par les dragons, et qu’elle espérait de tout cœur, pouvoir un jour avoir la chance de voir un musée consacré à ces animaux fantastiques, à ces quelques espèces malheureusement méconnues du fait de leur extinction sur la surface du monde.

Robert et moi sommes très fiers de pouvoir offrir nos découvertes à des personnes passionnées. C’est toujours une joie pour nous, et une immense récompense de voir ses personnes au regard extasié, dévorer des yeux ses êtres majestueux. »

L’annexe F relate comment le Musée de Dracologie est apparu dans la ville de Rennes (à l'heure où nous écrivons ces lignes, nous n’avons pas encore retrouvé parmi les archives, les annexes B à E).

Annexe F

21 novembre 1938 – Georges Pernet

« Nous voici enfin en Bretagne. La vie parisienne n’était vraiment pas faite pour moi. Ce bruit, cette agitation… j’ai bien cru devenir fou. Me voici rentré chez moi. Comment ai-je pu quitter ma terre natale ? Je suis encore en train de me poser la question. Sans doute est-ce mon amour des dragons qui a réussi à me déraciner – pendant un temps.

Quand j’ai convoqué la mairie pour leur expliquer que je désirais rapatrier le Musée Dracologique de Paris à Rennes, ils ont tout de suite été enthousiastes. Quand je leur ai dit que je comptais l’ouvrir chez moi, dans ma cave, ils l’ont moins été.

Malgré quelques réticences, ils ont fini par accepter. L’administration avait envie de ce musée et pour moi, il était tout simplement hors de question d’acheter un local – par manque d’argent. Du reste, avec une cave de cette superficie, la salle d’exposition serait deux fois plus grande que celle de Paris. Oui bon, il n’y aurait pas de salle de restauration mais qu’importe… J’ai toute la place nécessaire dans la cuisine. »

30 novembre 1938 – Georges Pernet

« Tout est installé et prêt pour l’exposition. Je ne pensais pas aller aussi vite. Sylvie m’a été d’une aide précieuse pour ôter toute la poussière de nos specimens. Dès que l’administration m’en donne l’autorisation – un de leurs sbires doit nous rendre une petite visite de courtoisie pour faire l’état des lieux – le musée pourra ouvrir.  J’ai hâte de voir des gens passer la porte de ma cave – qui ressemble bien à une salle d’exposition à présent.

Attendre. Il ne me reste plus que ça. Moi qui ne suis pas d’une nature patiente, je dois faire un gros effort sur moi pour éviter une crise de nerfs. L’administration… Heureusement qu’elle est là mais, par moment, on s’en passerait bien. »

2 décembre 1938 – Georges Pernet

« Ouverture officielle du Musée Dracologique de Rennes. Je n’arrive même pas à exprimer ce que je ressens. Il est vrai que j’ai déjà eu la chance de le diriger à Paris mais… comme dirait Sylvie, c’est comme une seconde naissance.

Les visiteurs affluent par dizaines. Il faut maintenant que je remette en état les archives pour pouvoir les laisser également à la disposition du public. Elles comportent tant de connaissances, de savoir. Je remercie mes prédécesseurs d’avoir si bien exposé leurs nombreuses théories sur ces espèces éteintes. A mon tour maintenant de peaufiner leurs recherches. »

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Les annexes s’arrêtent ici. Avec Eléonore, nous nous sommes rendues au SAM (Service des Archives de la Municipalité) pour en apprendre davantage.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, en 1943 plus précisément, Rennes a subit de grands bombardements qui ont pratiquement détruits toute la ville. Georges Pernet et sa femme Sylvie furent au nombre des victimes.

A la fin de la guerre, l’administration s’occupa de reconstruire rapidement les services les plus utiles. Personne ne se souvint du Musée, qui resta enfouit sous les décombres. Des bâtiments furent reconstruits par-dessus, sans que personne ne s’aperçoive de quoique ce soit… jusqu’à notre fameuse découverte du 30 septembre 2005.

Cette découverte fut une véritable chance. Eléonore et moi avons encore beaucoup de travail. Néanmoins, nous sommes heureuses de vous accueillir et de vous révéler des secrets sur ces magnifiques créatures que sont les dragons, des secrets enfouis depuis très longtemps.

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